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Heures supplémentaires (3/3)

Précédemment : Acte I : L’essai : Rod Fergusson et les heures supplémentaires à la GDC 2009
Acte II : La transformation : Les propos de Mike Capps à l’IGDA

L’article du jour présente le droit de réponse de Mike Capps au webzine Joystiq au sujet de la polémique suite à ses propos sur les heures supplémentaires chez Epic. TL;DR, comme d’habitude.

Acte III : La justification

KERFUFFLE BEYOTCH
KERFUFFLE BEYOTCH !!

Morceaux choisis :

« La plupart des gens n’ont pas regardé la vidéo avant d’émettre un jugement, c’est plutôt décevant.  Cette table ronde comprenait 5 patrons différents. C’était la dernière session. Nous avions bu du vin et essayions de prendre différentes positions sur des sujets variés. Apparamment 3 ou 4 personnes à l’époque étaient membres du bureau de l’IGDA. Est-ce coïncidence lorsque l’on organise une réunion des membres du bureau et que les patrons y sont présents ? Ca parait normal ? »

« Je pense que l’une des choses [qui a inquiété tout le monde] est que lorsque quelqu’un entre chez Epic et dit ‘je refuse de travailler au-delà de 17h, je ne travaillerai jamais plus de 40 heures hebdo et vous ne pourrez pas me forcer à faire davantage’, ça n’est probablement quelqu’un que nous allons embaucher. C’est la même chose qu’un médecin disant ‘Je ne m’occupe plus des bébés après 17h et je ne fais plus de consultations une fois les 40 heures passées’. »

« En moyenne, les heures de travail tournent autour de 49, 50 heures aux Etats-Unis ? Alors avoir quelqu’un qui s’avance et dit qu’il refusera de faire des heures supplémentaires pour la démo de l’E3, c’est un peu idiot. Ca montre simplement qu’ils ne sont probablement pas passionnés par ce qu’ils font. C’est très différent que de dire que nous forçons les gens à travailler tout le temps. »

« Nous obligeons les gens à respecter les 40 heures hebdo [chez Epic]. Nous avons trois règles à respecter chaque jour : Vous devez travailler 8 heures par jour. Vous devez être dans les bureaux entre 13h30 et 17h car c’est l’heure des réunions. Vous devez sortir des locaux avant 2h du matin. Honnêtement, la règle la plus difficile à appliquer est celle du ‘dehors à 2h du matin’. Ca ’emmerde’ tout le monde. »

« Je n’ai pas les stats mais je sais que nous étions sur des journées de 12 heures 5 jours par semaine sur Gears [of War] 2; durant peut-être 6 semaines. […] En général, on fait des heures supplémentaires lorsque l’on veut sortir une démo sexy pour l’E3 »

« Vous ne voulez pas que vos programmeurs continuent à écrire du code alors qu’ils ont travaillé longtemps… 12 heures par jour est le maximum que l’on peut tirer d’un programmeur de toutes façons. Et on ne peut pas tenir ça hein ? Il n’y a pas moyen de faire travailler quelqu’un durant 12 heures, sur 250 jours parce qu’ils se détruiraient. Ca serait fou. »

« L’équipe qui travaillait sur notre Global Illumination (qui fait partie des améliorations du moteur Unreal 3 -NDLR) voulait montrer cette fonctionnalité sympathique à la GDC, et ils voulaient augmenter la qualité du produit. Alors les deux membres de l’équipe ont fait des heures supplémentaires deux semaines avant la présentation. Personne ne leur a ordonné d’en faire, mais pour eux c’était probablement une question de fierté. »

« Des jeux comme Gears (of War 2), c’est l’un des jeux ayant reçu les meilleures critiques de tous les temps sur cette plate-forme. Vous ne sortez pas un jeu comme celui-ci avec des gens qui n’ont pas la passion sur la qualité du produit et refusent de travailler une nuit de plus. Nous avons passé 9 mois avant la sortie du jeu à dire : ‘C’est un marathon, pas un sprint. Retenez-vous. Ne vous donnez pas à fond parce que vous allez faire un burn-out.’ C’est ça notre rôle de producer: renvoyer les employés chez eux lorsque l’on se rend compte qu’ils sont trop fatigués et que ça va à l’encontre de notre mantra ‘c’est un marathon, pas un sprint. Je ne veux pas que vous sprintiez pour l’instant’. Et puis, deux mois avant de finir le jeu, un mois et demi avant, c’est un putain de sprint et tout le monde y va. Et nous les laissons aller. C’est le moment où nous enlevons les chaînes et tout le monde court aussi vite qu’il peut. Nous les poussons fortement à le faire. Nous les laissons tous sur le champ de bataille. Et puis c’est fini. A ce moment-là, nous savons à quel moment nous allons livrer la version donc nous avons une date fixe en tête et tout le monde le sait: ‘je peux travailler aussi dur pendant un mois, un mois et demi, parce que je sais que je vais pouvoir prendre du repos après ça. Je vais prendre une semaine de congés et puis la reprise sera lente car nous travaillerons sur le DLC et les corrections de bugs etc. »

Joystiq : « L’un des bons éléments de calcul est de confronter vos cycles d’heures supplémentaires avec votre taux de départs de l’entreprise (le turnover -NDLR). Quel est votre taux de turnover chez Epic ? »

Capps : « En 2006, nos taux de départs volontaires était de 1.3%. En 2007, il était à 1.03%. En 2008, 1.03%. Nous avons 110 personnes dans nos locaux […] Et nous sommes montés de 80 à 110 ces deux dernières années, ce qui veut dire que nous avons un seul départ volontaire chaque année. C’est absurdement en dessous des standards de l’industrie. Qui je pense tourne entre 12 et 15% dans l’industrie technologique. »

Note : Je serai curieux de savoir combien de personnes Epic licencie chaque année (pour une raison ou une autre).

« Tout ce que je fais ici, c’est de rendre les gens heureux. Chacun chez Epic est un volontaire, hein ? Ceux-là sont des gars qui travaillent sur le coeur de la technologie dont des centaines d’équipes dans le monde dépendent. Donc n’importe quel Technical Artist de chez nous peut aller voir ailleurs et être accueilli comme un sauveur, non ? Alors, pour les garder ici, je les paye davantage que les autres. Les bonus que l’on a eu sur Gears 2 étaient probablement plus élevés que le salaire annuel de chacun…Et pas seulement pour la hiérarchie, car si vous additionnez les 10 plus gros salaires d’Epic, une personne payée dans la moyenne aura touché davantage grâce aux bonus. Et ça ne vaut que pour l’année 2008. »

« Si notre prochain jeu ne se vend pas bien, les employés n’auront pas de bonus. Ils comprennent cela. Tous les gens ici sont encouragés. L’argent reste dans nos locaux. Il n’y a pas de « payez les droits d’auteur » ou une sorte de fonds ou autre. Les employés sont extrêmement bien payés et nos sommes très créatifs dans la façon dont nous investissons nos bénéfices pour améliorer la qualité de vie chez Epic. »

« Ces gars travaillent sur des jeux qu’ils ont vraiment envie de faire. Il n’y a pas de projet « batârd » chez Epic. Vous travaillez sur le moteur, et votre code source est lu par des milliers de programmeurs et il affecte des centaines de jeux dans le monde. C’est génial. Mais beaucoup moins génial que vos propres produits. Et donc nos artistes travaillent sur des jeux qu’ils veulent faire, nos programmeurs écrivent le genre de code qu’ils veulent écrire, et puis, ils sont réellement bien payés pour cela. Il y a beaucoup de liberté créative ici, je pense que c’est un mélange de plusieurs choses. Ce sont les jeux que vous voulez faire. C’est un studio qui a excellente réputation pour la qualité.  Les gens adorent ne pas avoir à bacler un jeu afin qu’il sorte à temps pour faire plaisir à l’éditeur. Nous décidons de nos propres dates de sortie. Et les récompenses financières ont été -touchons du bois- fantastiques et nous ne voulons pas que ça change. Les gens restent parce qu’ils adorent travailler ici.

« Mes gars ont demandé à faire des heures supplémentaires. Ils disent « Hé, on n’est pas encore en période de bourre. Qu’est ce qu’il se passe ? Pourquoi ne fait-on pas d’heures supplémentaires ? Nous somme sérieux ! ». Ce genre de chose. Et du coup d’autres entreprises pourraient penser que « Oh vous voyez ? Les heures supplémentaires sont correctes puisqu’ils en font ». Alors ces entreprises ne traitent pas leur employés de la même façon que nous, et ne réalisent pas leur produit par passion mais plutôt par contrainte dûe au planning. Ils utilisent ce que nous disons comme un exemple de maltraitance des employés. C’est effrayant d’imaginer cela. »

« Alors, j’essaie vraiment d’être un peu plus prudent sur la façon de dire comment nous faisons les choses ici, et j’essaie de mettre des gants. Ca marche pour nous ici parce que nous avons des personnes hautement talentueuses, et hautement expérimentées. Chacun d’entre nous a sorti 6 jeux en moyenne. Alors, nous avons ces « seniors » qui savent de quoi ils parlent. Ils connaissent leur limitations. Et puis nous nous assurons qu’ils soient récompensés pour le travail qu’ils font. »

« Est-ce que je pense que vous pouvez avoir la même quantité de travail accomplie et la même qualité de produit atteinte si vous obligez les gens à ne travailler que de 9h à 17h, toute l’année ? Non, clairement pas. Je pense que c’est également le cas dans les autres industries créatives aux Etats-Unis ou dans le monde. Ca n’est pas comme ça que l’on fait des films. Ca n’est pas comme ça que l’on fait des albums de musique. Et ça n’est pas comme cela que l’on fait des jeux vidéo. Ca n’a pas de sens de nous montrer du doigt parce que « C’est notre façon de faire ». Le dire à nos employés avant que nous les embauchions, c’est ça qu’il faut faire. Et ils restent et ils adorent ça. Tout le monde nous montre du doigt et dit « Vous êtes mauvais parce que vous propagez de mauvaises techniques de management ». C’est vraiment insultant. »

« Les gens qui souffrent le plus chez nous, ce sont les programmeurs gameplay qui sont assignés à un jeu comme Gears of War parce que le jeu sort, ils ont 2 semaines d’attente avant que la certification se termine, et il se peut que ça coince (en effet les constructeurs de console doivent donner leur accord pour autoriser un jeu à être vendu dans les rayons des supermarchés -NDLR). Alors ils ne peuvent pas partir à Tahiti, mais au moins, ils peuvent rentrer chez eux et dormir. Et si ça coince à la certification, ils doivent alors passer 2 à 3 jours de plus à se concentrer sur les bugs qui sont apparus avant de renvoyer la copie corrigée. Et puis ils peuvent à nouveau se reposer. Quatre semaines plus tard, on commence à avoir les premières statistiques de jeu. Et là, seul dieu sait ce qu’il peut arriver. Oh non ! le shotgun est cassé ! On peut tricher avec. Alors tout le monde doit se mettre sur le pied de guerre pour sortir un patch le plus vite possible. Donc ils doivent vivre la pire partie du développement, mais je pense toujours que vous entendrez quelques « Attendez quelques semaines [avant de partir] ». Et pendant ce temps-là, ils font de la R&D pour le prochain jeu, ou bien ils assainissent leur code et le documentent davantage. »

« Vous ne pouvez pas avoir quelqu’un qui enchaîne les heures supplémentaires à travers les projets. J’ai eu une personne qui a dû faire cela, et c’était une brute de travail. Elle savait ce qu’elle faisait, et s’est portée volontaire pour passer sur un autre projet en heures supplémentaires, parce qu’elle sentait fortement qu’elle pouvait avoir un impact positif dessus. On lui a donné des semaines de repos après ça. C’est quelque chose qu’on évite vraiment de faire ici. »

« Nos gars votent sur la façon dont ils veulent faire des heures supplémentaires, et la dernière fois, il ont choisi d’avoir les week-end de libres, c’est à dire qu’ils pouvaient passer leur week-ends pour se recharger et voir leur famille. Les autres fois, ils ont choisi 6 jours par semaine, mais avec moins d’heures. A comparer à ces histoires horrifiques. Comment pouvez-vous faire travailler quelqu’un 100 heures par semaine et en tirer quelque chose ? Ca n’a pas de sens ! Du coup je comprends. Je comprends pourquoi les gens ont peur et sont inquiets à propos de ces emplois abusifs. Je comprends ça.

« Pourquoi cette affaire sur les heures supplémentaires est-elle apparue ? Je pense que cela est lié au fait que je sois confiant que l’on fasse ce qui est bon. Je pense qu’ils veulent que tous ceux qui font des heures supplémentaires soient affligés et que les patrons disent « On est désolé. On a merdé. On ne voulait pas que les gens travaillent plus de 40 heures par semaine. C’est un désastre total. On ne le fera plus. » Nous ne pensons pas cela. Nous sommes très confiantque nous avons fait le bon choix. Nous l’avons fait 18 fois et nous allons le faire une 19ème fois et tous nos employés savent que nous allons le faire une 19ème fois. Nous ne mentons pas pour dire après : « Oh! On a encore merdé ! ». Je pense que ce qui gène les gens qui ont vu des personnes faire des heures supplémentaires et puis de nous entendre dire « Oui, nous faisons des heures supplémentaires de temps en temps », sans honte, car nous savons ce que nous faisons et nous partageons ce message. Parce que je pense vraiment qu’Epic sait de quoi il parle et nous l’avons prouvé maintes fois. Nous avons très bien réussi. C’est cela qui inquiète les gens je pense. Ca n’est pas que nous faisons tout le temps des heures supplémentaires, mais le message à transmettre c’est que lorsque nous en faisons, nous les faisons très prudemment, de façon rationelle et nous pensons que c’est la bonne décision. Nous ne la regrettons pas au final. J’ai eu une ou deux périodes de bourre qui étaient, vraiment, vraiment trop longues, nous avons souffert, nous avons fait des erreurs dans le planning, mais il ne s’agit pas de dire que les heures supplémentaires sont la mauvaise chose à faire. »

« J’ai fait un speech l’année d’avant sur la façon dont je gérais l’entreprise. Ca durait une heure, sur comment on gérait les gens et leurs performances et cela parlait des mêmes sujets qu’ici et personne n’a bronché cette année. Je ne savais pas que tout le monde allait se réveiller l’année suivante au panel de l’IGDA. »
[googlevideo]http://video.google.com/videoplay?docid=-8260252963904332422[/googlevideo]

L’embed vidéo n’a pas l’air de marcher, voilà le lien.

Et le powerpoint : Building the Perfect Team, Powerpoint 2003, 4,4Mo

« Nous rencontrons tous nos responsables lors d’une réunion. Généralement, l’un d’entre eux dit « Je pense qu’il est temps de parler des heures supplémentaires ». Beaucoup d’employés travaillaient déjà tard, il était temps de faire travailler toute l’équipe. Parce que la dernière chose que vous voulez c’est que des gars qui travaillent tard se demandent pourquoi les autres n’en font pas autant. Et ils disent « Vous vous rendez compte de la situtation dans laquelle on est ? Si vous voulez sortir le jeu il va falloir travailler davantage ! ». Alors les responsables se réunissent et nous activons les heures supp’ à l’unanimité. C’est là que nous sondons l’équipe pour définir la façon dont elle veut faire ces heures. Et nous le faisons par corps de métier, toujours, et nous arrêtons également par corps de métier. Alors toute l’équipe de Gears 2 commence les heures supplémentaires; puis nous disons « Ok, c’est terminé pour les graphismes. » Il ne sont plus autorisés à ajouter quoique ce soit excepté corriger des bugs. Donc ils arrêtent tous les heures supp’. Puis nous arrêtons l’équipe des level designers, puis les programmeurs. Nous faisons ça par groupes. Je pense que c’est important. »

Rendez-vous demain pour la 4eme partie (bonus !) et la conclusion.

13 réponses sur « Heures supplémentaires (3/3) »

Je ne vois pas où est le problème. Faire des heures sup est, je pense, normal. Les mecs ont la chance de travailler dans un secteur de passioné, ils sont bien payés. Il n’y a rien de choquant à faire 40h/sem + 10h sup, il suffit d’aller lire sur des sites de SSII par exemple (pour rester dans le domaine de l’informatique) pour se rendre compte que 60h/sem + veillé d’avant projet ne sont pas rare. Et si le projet est en retard, que certain se donnent à fond, et que d’autre ne jouent pas le jeu, alors c’est le rôle du manager que de booster toute l’équipe pour atteindre la dead line dans les temps.

“En moyenne, les heures de travail tournent autour de 49, 50 heures aux Etats-Unis ? Alors avoir quelqu’un qui s’avance et dit qu’il refusera de faire des heures supplémentaires pour la démo de l’E3, c’est un peu idiot. Ca montre simplement qu’ils ne sont probablement pas passionnés par ce qu’ils font. C’est très différent que de dire que nous forçons les gens à travailler tout le temps.”

L’argument de la passion (et de la nécessité de bosser tard quitte à faire des nuits blanches) est l’argument avancé par mon centre de formation (d’ailleurs bien ancré dans le monde pro) pour sélectionner qui seront capables d’aller bosser dans l’industrie des SFX, animation voir jeux videos… Du coup je comprends la démarche (apparemment personnelle de la part des salariés) mais tout en me disant que la productivité doit en prendre un sacré coup, y compris les relations sociales, la santé etc…

Bon après tout 60 heures de taff convertis en 60 heures de présence hebdomadaire en surfant sur le web, en faisant des jeux en réseau et en faisant semblant de taffer dans ce genre de boite, ça ne doit pas être dramatique… Vous croyez que j’exagère? Non franchement, je serai curieux de constater (en valeur chiffrée) la productivité (réelle) des salariés d’EPIC…

Par contre, s’ils ont réellement une productivité d’enfer je leur tire mon chapeau.

Evidemment, personne n’est productif 8h par jours (sauf à l’usine…), et encore moins 10. M’enfin faire des journées longues t’aliennent à ton travail, c’est l’effet néfaste.

En tous cas c’est sympa ce droit de réponse, ça a l’air du coup bcp moins bourrin.

J’adore l’argument de la passion, on peut adorer un truc, mais arriver a saturation a force d’en manger a outrance.
Sous pretexte qu’on fait un truc qui nous plait généralement il faudrait le faire jusqu’a un point ou il nous plaise plus, ou toucher un salaire moindre parce qu’après tout c’est un plaisir de TRAVAILLER( étymologie: labeur, fatigue, même certaines fois torture, en latin) , c’est pas très logique et surtout très pratique pour ceux qui comptent les sous, sans passion eux 🙂

Bordel BTK, t’as parfaitement résumé ce que j’étais en train de mettre en en forme depuis 3 plombes 🙂

(Du coup, ce genre de réactions me conforte dans l’idée que confondre passion et travail n’est clairement pas une bonne idée, du moins en ce qui me concerne).

Je suis sensible à l’argument du « groupe de rock qui part en tournée » de l’article précédent, ça leur correspond bien je trouves.
Enfin bon, si c’est pour faire du rock, autant créer un vrai groupe, ‘ya plus de groupies 😀

Personnellement j’ai choisi sebult’. Je préfère faire un boulot qui me plait sans être une passion, mais qui me laisse faire librement ce que j’aime réellement sur mon temps libre, qu’une passion automatique qui se détériore de jours en jours, pour arriver a la fin de ma vie et ne plus rien avoir envie de faire en travaillant comme un robot. Je pourrais pas faire une vie ou mon seul loisir se résume a consommer sans laisser de part a la création.
La j’aurais vraiment l’impression de vivre pour rien.

Certains arrivent a travailler avec passion, il parait, mais j’en ai encore pas rencontré le faire passé un certain age…

Je me suis toujours demandé, en écoutant le discours de français travaillant chez Weta digital , Dreamworks ou ILM si c’était l’ego (de travailler sur des gros projets bien bandant rien qu’a entendre le nom) qui leur faisait apprécier leur taff (et leurs très nombreuses heures sup) ou s’ils prenaient vraiment leur pied. A les écouter tous, on aurait vraiment l’impression que c’est la 2ème option…

@ BTK: je comprends tout à fait.Par contre, personnellement je pense que j’arrive à un moment de ma vie, ou j’ai envie de bosser dans cette passion, et rentrer chez moi le soir et faire autres chose qui n’ait rien à voir forcément avec de la 3D, dessin, création etc… Dans le sens de ne pas forcément faire de travail qui me laisse du temps libre pour créer comme je le faisais auparavant… Dans le cas des mecs d’Epic, après avoir relu l’article, si les mecs font en journée ce qui leur plait (pour les infographistes notamment, le style EPic est très particulier), cela peut se comprendre. Si on te dis que tu vas faire des heures sup à raison de 12 heures par jour à déplier des UV et que tu dois atteindre un quota horaire,ou que tu fais des heures à créer des concept arts ou faire du 3D character art, je pense que dans la deuxième option, par principe, tu rechigneras moins à faire des heures sup.

Sauf que même si tu es dans un secteur qui te plait, tu feras pas toujours ce qu’il te plait wolfreim, honnetement on me collerait sur photoshop 14h a peindre des textures de briques ça me gonflerais vite, photoshop ou pas.
Et j’insiste, ça ça va bien quand tu as 35 ans, après tu commences a te poser des questions sur ton devenir…

L’argument de la passion, c’était pertinent il y a 10/15 ans, mais maintenant le jeu video c’est avant tout une industrie. Alors dire qu’il est normal de faire des heures sup à outrance sous prétexte de passion, quand les dev ne touchent aucune royalties sur leurs créations, sont payés misérablement alors que les éditeurs empochent des millions, c’est vraiment d’une hypocrisie sans faille.
Sans compter le fait que dans de nombreuses boites je suppose(ce fut le cas durant ma courte expérience et il n’y a pas de raison que cela soit différent ailleurs, à qq exceptions près j’ose espérer), les dev fond des heures sup pour corriger les conséquences de mauvaises décisions de personnes incompétentes pistonnées à des postes clés…
Enfin, une bonne coupure et du repos permettent d’être plus productif qu’un excès de travail quasi continue. Biensur de temps en temps il faut savoir rusher, mais faire des heures sup la norme c’est bon pour les machine, ou les esclaves…

Bien dit Mavros !

C’était tout à fait ça…
Le plus triste aussi et tu as oublié d’en parler, c’est de dire que ces personnes n’hésitent pas à cacher leur incompétence à coup de diplomatie/d’apparat bien placé : prêt à tout pour garder leur pouvoir.

Le plus grave est que non seulement, ils ont un manque de savoir faire et de bon sens incroyable, mais ils ont aussi, un égo surdimensionné non justifié : ne pas savoir utiliser perforce au bout de 10 ans de carrière en dit long…

Il faut croire que ce n’est pas la compétence qui est le plus important dans cette industrie mais qu’il faut avoir un énorme égo, tout en sachant écraser les autres pour réussir et évoluer.

C’est triste et dommage quand on sait que c’est un milieu où le travail d’équipe est important…

Ps : Et on trinquera aux enculés ! 😉

« L’argument de la passion, c’était pertinent il y a 10/15 ans, mais maintenant le jeu video c’est avant tout une industrie. Alors dire qu’il est normal de faire des heures sup à outrance sous prétexte de passion, quand les dev ne touchent aucune royalties sur leurs créations, sont payés misérablement alors que les éditeurs empochent des millions, c’est vraiment d’une hypocrisie sans faille » +1 Mavros, 100% d’accord.

Sans déconner, rien à foutre de la passion.
Je suis Game Designer dans le domaine militaire, autrement dit je fais un métier passionnant dans un secteur qui me passionne, ben je suis dehors à 18h tout les soirs. J’ai choisi d’être Game Designer car c’est le métier le moins chiant que je pouvais faire. Mais ça reste un travail, un moyen de subsistance, le truc qui te fait lever le matin, maudire la terre entière et rentrer le soir fatigué et enervé.
Je pense qu’un designer chez Renault doit se sentir impliqué dans la nouvelle Laguna, mais pas non plus à vouloir rester une semaine au boulot, et quand Renault le force à rester, il se suicide ou porte plainte au prud’hommes (voir les joies du Technocentre Renault, ou « Suicide Central »).
L’industrie du jeu vidéo tente de nous faire croire que la mentalité garage est encore là, et les écoles véhiculent bien ce genre d’idées, alors que nous somme une industrie, ce qui veut tout dire. Nous produisons, des produits, nous ne créeons plus d’oeuvres depuis longtemps, il est donc convenable d’être traité comme des employés. Lorsqu’on bossera sur un projet révolutionnaire, à 5, où notre nom sera sur la boîte et si ça marche on devient célèbre, d’accord, je signe, je reste un an dans le studio sans renter à la maison; mais pour l’instant, traités comme nous sommes traités dans l’industrie, je rentre à l’heure, je passe la soirée chez moi ou dehors, j’ai des amis, je peux faire des groupes de zique à côté et dormir assez pour être fonctionnel dans toutes ces activités.

PS: Ah, et Gears of War, 1 ou 2, ça me fait pas penser à un jeu de passionné qui en chie mais à une grosse machine américaine pleine de sous. Le Transformers du Jeu vidéo en quelques sorte.

Tout à fait Karslow, c’est bien pour cela que de voir cette starisation est scandaleuse mais cela leur permet de* :
_ diviser pour mieux régner (occuper les employés à écraser ses collègues, les impliquent plus dans leur travail vs avoir du recul)
_ donner des responsabilités sans augmenter le salaire (ce n’est pas correcte mais l’employé se sent plus important vis-à-vis des autres)
_ ne pas payer les heures supplémentaires (cela ne l’est pas non plus, mais là, il doit prouver sa passion en donnant sa vie à sa patrie son entreprise)
_ être cadre à moins de 3 000 Euros par mois est tout simplement incroyable (…)

*(dans tous ces cas, flatter l’égo côute toujours moins cher à une entreprise car le salarié est prêt à faire des heures supplémentaires tellement il en est redevable… Au pire un p’tit tour à l’E3 ou l’équivalent pour se redorer l’égo et hop le tour est joué)

Il serait bien de voir si la prime recouvre la totalité des heures supplémentaires non payés à Epic (week-end compris).
Mais dans tous les cas, cela ne vaut pas les heures perdus pour la famille : nous travaillons pour vivre et non l’inverse.

C’est malsain ? et cela donne des jeux merdiques -mis à part Epic- ?

Voyons… L’objectif n’est pas là.
Les compétences leur importe peu du moment où les employés sont prêt à tout (comme faire des heures supplémentaires gratuitement). Ces derniers sont toujours prêt à faire le travail de leur chef qui se décharge sur eux et le tout sans broncher : c’est le jackpot !
Leur supérieurs auront aussi le bonus d’avoir les chaussures bien propres s’ils les ont bien choisi, tant qu’à faire…

A partir du moment où le jeu sort au bon moment et qu’il se vend avec une bonne campagne publicitaire, c’est tout ce qui compte.

A la limite, s’ils trouvent des bonnes âmes qui sachent bien faire leur tâche tant mieux.
Mais le but premier reste de vendre un produit développé à moindre frais et le plus vite possible.

Il est certain que dans cet état d’esprit, il vaut mieux fuir ce genre d’entreprise.
Il est même préférable d’aller là où ce discours dépassé n’existe plus. (Malheureusement, il faut bien débuter quelque part).

Pour finir sur une touche joviale, il est possible de faire du travail d’équipe dans un cadre de travail agréable et dans le respect de chacun dans certaines entreprises.

Pour le reste, comme Karslow, je suis prête à faire des heures supplémentaires, de tant à autres, pour un projet qui tabasse à partir du moment où tout est bien organisé, que nous sommes bien traités et respectés.

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